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Méthode du retrait : qui veut jouer à la poussette russe?

La méthode du retrait est sûrement l’une des méthodes de contraception les plus vieilles au monde! Avec le scandale des pilules de 3e et 4e génération, les multiples désagréments des hormones de synthèse (baisse de la libido, sécheresse vaginale…) et les réticences des hommes (et même des femmes) à mettre le préservatif, le retrait a plus que jamais la côte. Même chez les couples adeptes de la symptothermie,  méthode naturelle de contraception qui permet de se passer du préservatif une partie du cycle (voir www.sympto.org), on pratique parfois le retrait en guise de méthode de protection sur les jours fertiles.

La technique du retrait, qu’est ce que c’est ?

Le retrait est aussi connu sous le nom de coitus interruptus ou coït interrompu. Il s’agit d’une pratique sexuelle, lors de laquelle les partenaires arrêtent le rapport sexuel avant l’éjaculation.

Les méthodes de contraception se divisent en plusieurs catégorie, celles bloquant l’ovulation, celles empêchant la fécondation et enfin, celles empêchant l’implantation d’un œuf. La méthode du retrait appartient donc à la deuxième catégorie de contraception, celle empêchant la fécondation de l’ovule. En effet, dans la théorie les spermatozoïdes ne rentrent jamais en contact avec l’ovule. Le taux d’efficacité théorique de cette méthode est de 96%.

Une pratique en progression

Selon l’étude Fécond de 2013, menée conjointement entre l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) et l’INED (Institut National d’Etudes Démographiques) le retrait connaît auprès des couples un regain d’intérêt, en effet, entre 2010 et 2013, celui-ci enregistre une augmentation de 3,4 points.
Cette tendance est venue se confirmer en 2014, lorsque l’INSERM rappelait que pour 5,2% des femmes entre 20 et 44 ans, la méthode du retrait était la contraception adoptée. Ce chiffre étant en hausse de 2,1 point par rapport à l’année précédente1.

Cette tendance n’est pas une exception française, car selon la fédération du Québec pour le planning des naissances, 9% des personnes hétérosexuelles actives utilisaient cette méthode en 20022.

La méthode du retrait, une fiabilité toute relative

Nous l’avons vu précédemment la méthode du retrait, enregistre un taux d’efficacité théorique de 96%. Ce qui la place au coude à coude avec d’autres techniques de contraception comme le préservatif 98% et le diaphragme 94%. Toutefois, cette technique connaît un taux d’efficacité pratique (lors d’une utilisation courante, dans la vie de tous les jours en tenant compte des erreurs et des oublis) de 78% uniquement. Il faut comprendre que 22% des rapports utilisant cette méthode engendrent une grossesse non désirée. Ce taux est élevé et place en réalité cette méthode de contraception dans les dernières du classement.

Les témoignages des conseillères en symptothermie qui exercent aussi une activité dans les plannings familiaux vient confirmer les risques de cette technique : « la majorité des avortements auxquels nous faisons face est directement lié à des rapports « retrait ». Même si, en théorie, l’efficacité paraît bonne, sur le terrain le retrait est responsable de beaucoup de grossesse non désirée ».

Si connaître un pourcentage est intéressant, savoir quelle en est sa cause l’est encore plus. Ce taux élevé s’explique de deux façons :
– la première raison réside dans la possible présence de spermatozoïdes dans le liquide pré-séminal. Ce liquide ne contient pas, par nature, de petits soldats. Mais il peut arriver que suite à une précédente éjaculation, certains spermatozoïdes restent dans le canal de l’urètre, et se retrouve emportés par le liquide pré-séminal lors du rapport suivant.
– la deuxième raison, est un facteur humain. En effet, la méthode du retrait est basée sur le fait que l’homme doit se contrôler au moment le plus crucial. L’éjaculation étant un réflexe, repérer les signes annonciateurs est un exercice de haute voltige en temps normal, chose encore plus délicate lors d’un rapport sexuel où garder son sang froid n’est pas vraiment une priorité. Enfin, chez certains hommes un minime écoulement de sperme peut advenir pendant le rapport, en marge de l’éjaculation.

Si vous voulez quand même pratiquer le retrait, voici quelques conseils.

– Tout d’abord, il faut s’assurer que l’homme n’a pas éjaculé dans un rapport précédent (s’il y a eu la veille au soir par exemple) : le meilleur réflexe est pour lui d’uriner pour éviter que le fluide pré-éjaculatoire ne contiennent des spermatozoides.

– Le retrait peut être associé à une autre méthode barrière  pour renforcer son efficacité  :  préservatif + retrait en période fertile ou diaphragme + retrait. Pour le diaphragme,  qui permet d’éviter l’inconfort du préservatif, il faut néanmoins s’assurer d’une pause correcte (+ gel spermicide) et savoir que son efficacité est légèrement inférieure à celle du préservatif.

– la connaissance du cycle (permise par une méthode comme la Symptothermie)  permet de connaître les jours potentiels pour un retrait à faible risque.  Il conviendra alors d’éviter cette pratique pendant la haute fertilité. Donc le retrait en toute connaissance de son cycle  se rapproche d’un retrait conscient, et non à l’aveugle comme chez un couple qui ne connait pas le cycle féminin de la partenaire.

Ce qu’en dit Harri Wettstein, secrétaire de la fondation SymptoTherm, auteur du manuel La Symptothermie complète : « S’il y a une unanimité par rapport à une technique, c’est bien par rapport au retrait et la contraception. Sur Sympto, notre appli mobile pour apprendre la symptothermue, quand le couple pratique le retrait, il doit mettre l’icône du cœur (rapports sexuels non protégés) et non le cœur entouré (rapports sexuels protégés : préservatif,  diaphragme). Nous constatons que le retrait reste largement utilisé…

« Dans mon roman Sandra et Timmy, j’explique comment le retrait pourrait éventuellement être pratiqué par le couple qui a appris une approche plus pacifiée des rapports, type « slow sex » et qui ne vise pas le réflexe orgasmique systématiquement. Un tel couple, bien en amont du réflexe orgasmique, donc pas trop proche, qui ait des pénétrations pratiquement sans bouger, risquera beaucoup moins, mais cela reste très individuel. Il n’y a plus de « retrait » éjaculatoire dans ce cas, il y aura la détumescence après un certain temps. Il y a des hommes qui y arrivent « naturellement » chez d’autres « cela ne marche pas ».»

1 Article du Monde du 11 Août 2014

2 http://www.fqpn.qc.ca

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