L’approche symptothermique a déjà une histoire plutôt longue. Pensez donc : elle approche des 60 ans ! Les premières recherches datent des années 1950 et elle a été mise au point vers 1965. Ce n’était pas encore la « symptothermie », mais ses ancêtres, dont certaines aujourd’hui créent une confusion proche de la contrefaçon…
Un peu d’histoire symptothermique
La première méthode symptothermique a été mise au point en Europe, en Autriche, par un médecin épaulé par son épouse. C’était le professeur Rötzer. Inspiré comme d’autres médecins de son époque par le Pape Paul VI, il voulait sensiblement améliorer la méthode du calendrier Knauss/Ogino. Il désirait proposer au couple une façon naturelle de gérer leur fertilité, sans médecin. Il avait amélioré la méthode des températures du Dr Döring ; son épouse lui a alors suggéré d’ajouter le paramètre de la glaire. Delà, il a ensuite créé une synthèse originale entre la température et la glaire.
Cette première méthode est la méthode du Pr Rötzer et elle existe dans plusieurs langues. Une version américaine existe avec SymptoPro.
De cette approche initiale, d’autres recherches ont permis de mettre au point des variantes au fil des années. Certaines sont tombées en désuétude alors que d’autres ont survécu et ont pris de l’essor :
- des méthodes nord-américaines (CCL, TCOYF, Séréna pour citer les principales),
- une méthode anglaise (« les indices combinés » d’Anna Flynn),
- une méthode française (MAO-Cyclamen)
- et bien sûr les méthodes germanophones (Rötzer, Sensiplan)
La naissance de la symptothermie « complète »
La symptothermie « complète » est la méthode la plus récente de toutes.
Elle vient de Suisse, née dans la partie francophone et créée par deux alémaniques parfaitement bilingues français, avec l’aide de professionnelles françaises.
L’idée de modernité
Harri Wettstein et Christine Bourgeois ont créé cette nouvelle approche il y a plus de 15 ans. L’idée était de moderniser la méthode Rötzer que pratiquait et transmettait Christine Bourgeois en créant un outil informatisé.
Leur volonté était de proposer aux femmes un outil non pas de simple notation, mais d’apprentissage d’une interprétation fiable, un outil tellement fiable qu’il serait utilisable pour une contraception naturelle écologique et parfaitement fiable.
Les faiblesses des méthodes anciennes
Devant les difficultés à créer un algorithme correct à partir de l’approche Rötzer, Harri Wettstein s’est tourné vers l’autre grande méthode symptothermique européenne : NFP Sensiplan (« natural family planning » ou méthode de planification familiale naturelle de Sensiplan.)
Épaulé par les presque 30 ans d’expérience en interprétation manuelle de Christine Bourgeois, Harri Wettstein a soumis le nouvel algorithme Sensiplan à de nombreux tests : parfois, celui-ci déterminait justement l’état de la fenêtre de fertilité et parfois faussement ! Christine Bourgeois criblait chaque réponse de son expertise. Elle savait repérer les signes clairs de basculement entre fertilité et infertilité, sans pitié…
Devant toutes les faiblesses ou incohérences d’interprétation de l’algorithme Sensiplan, il a fallu innover !
Hors de question de proposer un logiciel approximatif pour former à une contraception : le prix de l’échec est trop cher…
La méthode Rötzer est donc venue au secours de la méthode Sensiplan pour l’améliorer et résoudre les difficultés d’interprétation. Un algorithme informatique ne réfléchit pas, il applique les règles. Il met en valeur celles qui sont approximatives jusqu’à ce que celles-ci soit corrigées.
Une nouvelle méthode
La fusion des deux méthodes a donné naissance à une nouvelle approche : la Symptothermie « complète. » Elle a été nommée ainsi pour éviter toute confusion, toute contrefaçon, avec ses ancêtres. Comme un enfant, elle n’est ni l’un ni l’autre et un peu des deux. La symptothermie « complète » donne une interprétation à 100% fiable et fidèle à la physiologie observée.
La méthode a été publiée dans un manuel « la symptothermie complète » en 2007 et 2012, le nom « sympto » étant donné au didacticiel. Le nom « symptothermie » a été inventé à l’occasion de la première version complète du manuel en 2012.
Fiabilité et apprentissage symptothermiques
Chez Rötzer
La méthode Rötzer est une méthode relativement fiable qui demande un apprentissage long. Sa fiabilité est établie à 99,4-99,6% et les suivis pendant l’apprentissage s’étalent sur 12 mois.
Évidemment, tout se fait à la main et la femme va rencontrer son instructrice au départ puis chaque trimestre…
Chez Sensiplan
La méthode Sensiplan a la même fiabilité, également de 99,4-99,6%. Une méta-étude sur 20 ans avec plus de 30 000 cycles l’a déterminée. Scientifiquement, la méthode est suivie par l’université d’Heidelberg, la plus ancienne université d’Allemagne.
Ici encore, elle se pratique exclusivement à la main avec un apprentissage de minimum 6 mois.
Quelques applications existent, indépendamment de la structure Sensiplan. Celle en langue allemande « mynfp. »de n’a pas été évaluée lors de l’étude de FACTS. Cette étude place sympto comme première application symptothermique.
L’appli chinoise de Femometer semble exister pour pousser à la vente du thermomètre connecté. Une fois de plus, personne ne sait si elle est fiable et elle reste obscure sur le devenir des données personnelles.
L’appli française (Moonly, toujours en développement) prétend travailler avec les règles Sensiplan que sympto avait améliorées dans sa version Rötzer de 2008. Mais leur fiabilité dans l’interprétation n’est pas connue. Et tout comme l’appli mynfp, moonly ne permet pas à la conseillère de suivre la qualité des observations au jour le jour sur une interface telle que celle développée par sympto.org.
Chez Cyclamen (MAO/CLER)
La troisième méthode dont je vais parler dans cet article est « Cyclamen » car elle est très présente en France, suivie par l’université Claude Bernard de Lyon. Le personnel médical est le principal instructeur ; encore une fois, sa fiabilité n’est pas clairement établie.
Elle utilise des calculs de moyenne pour déterminer la montée ; c’est la grande différence avec les autres approches citées plus haut.
Elle a fait l’objet d’une seule étude (Ecochard & al, 1989-1991, sur 6740 cycles de 626 couples) où les sujets Cyclamen étaient mélangés avec d’autres pratiquant la méthode de la glaire seule de Billings.
Il ressort de cette étude une fiabilité de 88,4% en usage courant ; ce taux est un peu meilleur que Billings dont l’efficacité est établie autour de 77%. Nous sommes cependant loin des résultats permettant une contraception en toute confiance.
Des applications sont désormais accessibles mais elles ne permettent qu’une interprétation limitée : la femme doit être capable d’interpréter elle-même son cycle. L’apprentissage est encore une fois de six mois minimum.
Et qu’en est-il des fiabilités ?
La fiabilité de la symptothermie est au moins celle de Sensiplan qu’elle a intégrée : 99.4% , avec abstinence en période fertile et 98% avec usage du préservatif.
L’application Sympto a un algorithme parfaitement au point et se ne trompe jamais pour autant que les observations soient à peu près correctes et cohérentes. C’est un parfait didacticiel qui devient ensuite un excellent bloc-notes.
La méthode va demander 6 mois d’apprentissage pour être parfaitement autonome mais les bénéfices de la méthode sont accessibles souvent entre le 1er et le 3ème mois de pratique grâce au logiciel didacticiel.
Chaque conseillère est certifiée pour 2 ans. Elle doit renouveler son certificat lors d’une formation continue pour rester à la pointe de la méthode.
Aujourd’hui, la symptothermie est sujette à confusion voire contrefaçon !
Sur les réseaux sociaux, dans les sites internet, sur les blogs, tout le monde parle de « symptothermie. » Partout, il est fait un panégyrique de cette façon de vivre sa fertilité au naturel et de pouvoir enfin avoir une contraception fiable. Et souvent la marque « sympto » est utilisée comme abréviation.
Confusion ou contrefaçon ?
Conseillères, monitrices, utilisatrices toutes parlent de « symptothermie » et « sympto ».
Dans leur présentation, toutes ces monitrices/formatrices/conseillères parlent de symptothermie (parfois même de sympto.) Il faut souvent creuser et rechercher leur parcours complet pour déterminer quelle méthode elles pratiquent et enseignent. Parfois c’est juste le vocabulaire utilisé qui permet à une initiée de deviner…
De nombreuses utilisatrices et monitrices postent des « cyclogrammes » sur les réseaux sociaux ou leur blog. Cependant, à y regarder de plus près, bien des tableaux de fertilité postés ne sont pas des tableaux de symptothermie complète : les autres méthodes n’utilisent pas ce terme ! Ici, c’est un tableau selon Cyclamen, là du Sensiplan ou là encore du Rötzer. Ce sont des tableaux symptothermiques, oui. Mais pas des « cyclogrammes » de symptothermie « complète », d’où le terme un peu fort de « contrefaçon » pour étiqueter cette confusion orchestrée.
L’utilisatrice s’y perd et croit faussement pratiquer la symptothermie de « sympto »… L’apprentissage, forcément manuel, est plus long donc plus rentable pour la professionnelle dans ces autres méthodes symptothermiques. Et malheureusement, pendant ce temps-là, l’apprentie peut se décourager ou prendre des risques amenant une grossesse surprise…
Une notoriété bien méritée
Depuis le début, la Fondation SymptoTherm a eu une politique de communication dynamique pour faire connaître la symptothermie « complète » dite « méthode sympto ». La promouvoir est d’ailleurs dans sa charte fondatrice.
Les actions vers l’extérieur se sont enchaînées et accélérées :
- le roman éducatif « Sandra et Timmy » en 2006 par Harri Wettstein a ouvert la voie avec la sexualité dans l’amour face au sexe produit de consommation et à la pornographie
- la nouvelle version en 2009 de l’algorithme Sympto
- la sortie du manuel complet « la symptothermie complète » en 2012
- la création en 2016 du groupe Facebook « symptothermie »
- le « Sympto basic » écrit par Angela Walder et Pryska Ducoeurjoly
- la création de ce blog sympto par Pryska Ducoeurjoly (journaliste et ex chargée de communication de la Fondation) et du site symptothermie.com, d’une chaîne Youtube et de nombreuses interviews
- la mise au point du programme de e-learning de Symptothermie.pro
- la professionnalisation des conseillères avec la politique de formation
- un travail de lien avec les scientifiques sur l’analyse du cycle, en particulier avec Laura Symul sur la connaissance fondamentale et par les conseillères sur l’analyse des cycles de leurs clientes d’où l’appellation de « symptothermie scientifique. »
- l’écriture de plusieurs ouvrages sur la féminité et la fertilité qui citent largement la méthode (par moi)
Grâce à notre action, le terme « symptothermie » est de plus en plus connu.
Cependant la « Symptothermie » n’est pas une méthode unifiée ! Symptothermie est une description des signes de fertilité utilisés sans qu’il y ait accord sur le mode d’observation ou l’interprétation de ces signes.
Le droit d’auteur de type CC-BY protège le vocabulaire de Sympto ainsi qu’une marque. Nous avons voté cette licence en connaissance de cause pour permettre l’essor de la méthode Sympto, non son dévoiement.
Se mettre à la symptothermie complète dite scientifique ou « méthode sympto »
Toute conseillère ou monitrice doit donc pouvoir prouver à sa future apprentie qu’elle pratique bien cette méthode symptothermique et non une autre méthode d’observation du cycle.
Créer et entretenir volontairement une confusion est une démarche de contrefaçon, comme sur un marché où circule des copies de moindre qualité que la marque d’origine… Et pour la cliente, il s’agit de « pratiques commerciales trompeuses. »
Que dire alors de la relation de confiance à la base d’un apprentissage de qualité ? Quelle crédibilité accorder à une monitrice qui pratique deux ou trois méthodes différentes ? Est-elle seulement convaincue par une seule ? Ou est-ce parce que son certificat de compétences est expiré ? Est-elle d’ailleurs simplement certifiée en tant que monitrice d’une « méthode symptothermique » et quelle est la légitimité du certificateur éventuel ?
Comme dans les contrefaçons de médicaments, la confusion peut créer des risques pour l’utilisatrice ; celle-ci, trop confiante, ne sait même pas quelle méthode elle pratique.
Et lui proposer une méthode autre sous le nom de « sympto » pour lui soutirer plus d’argent ou par facilité de communication manque d’éthique.
Je vous invite à vous (in)former correctement pour pratiquer la meilleure des méthodes symptothermiques et des méthodes naturelles : la symptothermie complète et scientifique, la méthode sympto !
Ceci est un article invité écrit par Fabienne Goddyn, conseillère, créatrice de Symptothermie.pro et votante de la licence libre CC-BY. Fatiguée de devoir expliquer qu'il existe une douzaine de méthodes symptothermiques, elle a souhaité faire cette mise au point sur le blog officiel de la Fondation. La Fondation a justement entrepris de rappeler à tous les utilisateurs créateurs de confusion le contenu de la licence. Dans la suite de cet article, vous pouvez retrouver "7 questions pour valider les compétences de votre conseillère" sur son site.