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Voyageuses et cycle menstruel

Être une femme dans sa pleine nature féminine en voyage itinérant « longue durée », c’est possible et loin d’être une contrainte. Au contraire, elle permet d’être pleinement connectée à soi, son cycle, ses émotions et énergies ! Que vous soyez en sac à dos ou sacoches au vélo, je vous partage mon expérience de cyclo-voyageuse. Voici quelques conseils pour pouvoir accueillir vos règles en voyage et des informations concernant différents moyens de contraception.

Avoir ses règles en voyage

Pour avoir eu l’occasion de discuter de sujets féminins avec d’autres voyageuses, la question de savoir comment faire au moment des règles en voyage, nous nous la posons toutes !

Pour celles qui choisissent une contraception hormonale ayant pour effet de ne plus avoir de saignement, il n’y a pas lieu de s’attarder plus longtemps sur cette question. D’autres n’ont pas de moyen de contraception. Ou elles font le choix d’un moyen de contraception donnant lieu à des saignements ou règles.

Bonne nouvelle, c’est possible de bien les accueillir et ne pas redouter leur arrivée durant le voyage. Il y a plusieurs possibilités que je vous présente ci-dessous. A vous de voir ce qui vous convient le mieux en fonction de vos besoins. Je ne parlerai pas ici des serviettes ou tampons jetables. Ils sont peu pratiques pour le transport et nécessitant une poubelle. Ceci n’est pas idéal si vous voyagez en pleine nature. Par ailleurs, cela ne s’inscrit pas dans ma démarche d’éviter des déchets facilement évitables.

Flux Libre Instinctif

Je souhaite commencer par vous parler du flux libre instinctif (FLI). En résumé, il s’agit d’écouter son corps et plus particulièrement, d’écouter son utérus et de sentir lorsque celui-ci se contracte. Car non, le sang ne coule pas en continu ! Et c’est justement grâce à cela qu’on peut pratiquer le FLI. Quand l’utérus se contracte, du sang se libère. Il met un peu de temps (environ 30-45 minutes) à descendre le long du vagin par gravité. Ses parois étant striées (elles ne sont pas lisses) et le sang étant relativement visqueux, il ne glisse pas comme sur un tobogan jusqu’à la vulve ! Il s’agit donc d’être attentive aux contractions de l’utérus. Ensuite, d’aller aux toilettes pour libérer le sang (fluer dans le jargon des flueuses) dans les 30-45 minutes qui suivent.

En voyage (et même dans la vie de tous les jours), il n’est pas toujours possible de s’arrêter le moment venu pour libérer le sang aux toilettes. Sachez que le FLI, ce n’est pas contracter son périnée. Cela ne signifie pas non plus zéro tache, ce serait beaucoup trop stressant. Afin d’éviter ce stress inutile, je vous recommande:

  • d’essayer la pratique du FLI avant d’entreprendre votre voyage, à l’aise à la maison pour vous familiariser avec vos ressentis. C’est très gai lorsque l’on s’aperçoit que l’on y arrive. Je vous invite à essayer, vous verrez que vous libérerez déjà une bonne partie de votre flux aux toilettes dès votre premier essai ! Mélissa Carlier, qui donne des formations sur le FLI, explique que 95% des femmes parviennent à fluer dès le premier cycle. Et qu’on arrive très vite à libérer aux toilettes 75% de notre sang. Ce pourcentage augmente avec la pratique et l’écoute de son corps. La continence menstruelle, cela s’apprend, soyez donc indulgente envers vous-même et félicitez-vous à chaque fois que vous arrivez à fluer!
  • de combiner cette méthode avec une culotte menstruelle (ou éventuellement une serviette en tissu). Le tissu, plutôt qu’une serviette jetable, incite davantage notre cerveau à se connecter à son ressenti au niveau de l’utérus.

Culottes menstruelles

Comme indiqué ci-dessus, je recommande vivement l’utilisation des culottes menstruelles, en combinaison avec le flux libre instinctif, ce qui permet de garder sa culotte plus longtemps (1 par jour) et d’en prendre moins avec soi. Pour ma part, j’avais pris 4 culottes avec moi (1 culotte par jour) et faisais une petite lessive à la main en cours de route pour les 5ème/6ème jours. À vous de voir la quantité qu’il vous faut en fonction de votre flux, et de la place dans votre sac/sacoche.

Si vous avez une marque que vous recommanderiez, n’hésitez pas à laisser un commentaire à cet article.

Les serviettes hygiéniques lavables

Je ne conseille pas les serviettes lavables car elles n’ont à mes yeux pas d’avantage par rapport aux culottes menstruelles. Je ne pense pas qu’elles prennent beaucoup moins de place dans votre sac, c’est moins flexible (une culotte menstruelle peut être utilisée comme une culotte normale finalement). De plus, elle peut bouger (en avant, en arrière ou tourner) si la taille de la serviette n’est pas adaptée à la culotte. Enfin, pour les voyageuses à vélo, le petit clip pour attacher la serviette appuie sur la vulve, ce qui est très inconfortable. C’est bien entendu subjectif et vous pourriez très bien ne pas avoir la même expérience.

La cup menstruelle

Je l’avais prise avec moi pour être plus à l’aise en cas de baignade. Il est important de veiller à la stériliser. Si vous avez le petit récipient pliable pour la stériliser quand vous avez accès à un micro-onde (en auberge ou chez l’habitant), cela peut être une bonne option. NB: si vous avez un bon ressenti avec votre corps, la pratique du FLI est compatible avec la baignade.

Quelle contraception en voyage?

La Symptothermie

Pour mon compagnon et moi, c’était la symptothermie (la méthode sympto®), ce n’est pas une méthode de contraception à propement parler, il s’agit d’une méthode naturelle d’observation de son cycle qui permet d’identifier avec précision sa phase fertile, sa phase très fertile (ovulatoire) et ses phases infertiles post-ovulatoire et pré-ovulatoire. L’identification de la phase infertile permet d’avoir des rapports non protégés durant cette période.

Comment ça fonctionne?

La méthode se base sur les signes de fertilité (sympto-), tel que la glaire cervicale par exemple, et sur la courbe des températures (-thermie).

La symptothermie nous permet donc de maîtriser naturellement notre fertilité, que ce soit pour un projet de contraception, de conception ou tout simplement d’observation de sa santé fertile. Elle permet notamment d’identifier si l’ovulation a bien lieu, repérer un éventuel déséquilibre hormonal entre l’oestrogène et la progestérone. Et gros avantage, cette méthode est très fiable (99,4%, à condition de se former avec une conseillère).

Reconnexion au corps et à la féminité

Cette méthode est surtout un merveilleux outil de connexion à soi, son corps, permettant de mieux se comprendre. Avant de faire le lien entre mes émotions et mon cycle, je vivais assez mal le fait d’observer qu’à certains moments, chaque petite difficulté rencontrée (quotidienne pour ma part en voyage à vélo) pouvait parfois susciter des réactions assez virulentes, des émotions de colère ou tristesse intenses. Je m’en voulais de les ressentir et de ne pouvoir m’empêcher de les laisser s’exprimer. Je n’étais pas la personne que je voulais être, j’étais comme en conflit avec une partie de moi-même.

Une fois que j’ai fait le lien avec mon cycle, cela a été une réelle prise de conscience, je me suis comprise et j’ai instantanément réussi à mieux m’accepter, j’ai ressenti un réel soulagement et un apaisement qui m’ont fait un bien fou.

L’envie de transmettre cette méthode de connaissance de soi s’est manifestée de façon évidente, j’avais hâte de commencer ma formation de conseillère en symptothermie (avec la Fondation Symptotherm).

La Symptothermie en voyage

Bon, c’est très bien tout ça. Mais concrètement, comment faire me demanderez-vous? Pendant le voyage, j’avais mon thermomètre avec moi. Je n’avais besoin de rien d’autre, à part mon téléphone ou un carnet pour noter mes observations. Le matin, je prenais ma température, pendant une dizaine de jours sur mon cycle. Je rinçais mon thermomètre avec ma gourde avant de le ranger. J’observais ma glaire cervicale (sécrétion du col de l’utérus lors de la phase fertile, qui peut s’observer à la vulve) durant la journée, quand j’allais aux toilettes. Le le tour était joué! Cela ne me demandait que deux minutes par jour durant la dizaine de jours d’observation.

En fonction de la manière dont vous voyagez, en vous observant, vous verrez comment les changements d’environnement, d’alimentation, de rythme de vie, décalage horaire éventuel, etc influencent ou non votre cycle.  Il est recommandé de vous former avec une conseillère, car elle pourra vous aiguiller par rapport à ces nouveautés. Elle vous donnera les clés pour décoder votre cycle.

Pour en savoir plus sur la symptothermie

Si vous souhaitez en savoir plus sur la symptothermie, n’hésitez pas à réserver un appel découverte avec l’une de nous, nous nous faisons toujours un plaisir d’échanger sur ce sujet passionnant.

Moyens contraceptifs hormonaux

Les hormones (pilule, patch, implant, anneau, stérilet hormonal) vont venir faire croire à notre cerveau que nous sommes dans la phase post-ovulatoire. Comme les hormones ne sont pas des copies conformes de nos hormones naturelles, cela a un effet cascade sur toutes les hormones de la chaîne endocrinienne (perte de la réactivité de nos ovaires, de nos trompes, des cellules produisant notre glaire cervicale, etc), pouvant engendrer, chez certaines femmes, des effets secondaires plus ou moins prononcés (sècheresse vaginale, prise de poids, maux de tête, perte de libido, ou plus graves tels que la dépression ou l’augmentation du risque cardio-vasculaire, de thrombose, cancer, etc).

Pilules contraceptives

Il existe deux types de pilule. Il y a la pilule combinée qui contient des dérivés synthétiques de l’œstrogène et de la progestérone et qui supprime l’ovulation Elle doit être prise tous les jours à heure régulière pendant 21 jours (pause de 7 jours) ou 28 jours sans interruption. La pilule progestative, qui contient le dérivé progestatif, supprime ou non l’ovulation. Elle doit être prise tous les jours sans interruption. Leur efficacité est de 91% dans la pratique (oubli de prise, retard, diarrhée, vomissement, etc). Il faut veiller à en prendre suffisamment avec soi pour la durée du voyage.

Patch

Le patch est à coller sur la peau 1 fois par semaine pendant 3 semaines (les règles arrivent la quatrième semaine). Il diffuse une combinaison d’hormones qui traversent la peau jusqu’au sang et a pour effet de supprimer l’ovulation. Son efficacité pratique est de 93%. Il faut veiller à en prendre suffisamment avec soi pour la durée du voyage.

Implant

L’implant est placé sous la peau et fonctionne comme le patch, par la diffusion d’hormones progestatives qui rejoignent le sang. Cela a pour effet de bloquer l’ovulation pendant environ 3 ans. Les règles sont absentes ou très faibles et très irrégulières. Son efficacité est très bonne (99,5% dans la pratique).

Anneau vaginal

L’anneau vaginal est à placer dans le vagin pendant 3 semaines. Il diffuse les deux types d’hormones (oestrogène et progestérone).  Les règles arrivent la quatrième semaine. Son efficacité pratique est de 93%. Une attention particulière à ce qu’il reste bien en place est à apporter quand on fait du sport. La diffusion d’hormone à proximité du col peut avoir tendance à faire vieillir prématurément les cellules qui produisent la glaire cervicale, nécessaire à la survie des spermatozoïdes. Il faut veiller à en prendre suffisamment avec soi pour la durée du voyage.

Stérilet hormonal

Le stérilet hormonal est un dispositif placé dans l’utérus qui diffuse des hormones progestatives. Tout comme l’anneau vaginal, leur diffusion à proximité du col peut avoir tendance à faire vieillir prématurément les cellules qui produisent la glaire cervicale, nécessaire à la survie des spermatozoïdes. De plus, le stérilet créé une inflammation locale (par la présence d’un corps étranger), peu propice à l’implantation d’un embryon. Une fois placé, il peut se garder jusqu’à 3-5 ans. Les règles sont absentes (ou très faibles). Sa fiabilité dans la pratique est de 99,3%.

Stérilet en cuivre

J’ai rencontré pas mal de voyageuses qui avaient un stérilet (en cuivre ou hormonal). Cela peut être une bonne solution pour celles qui supportent leurs effets secondaires.

Le cuivre acidifie l’utérus, et va créer une inflammation locale (par la présence d’un corps étranger et de l’effet inflammatoire du cuivre). De plus, il va créer un déséquilibre avec le zinc, qui intervient dans de nombreuses réactions enzymatiques concernant la fertilité. Il peut se garder plus de 5 ans. Le stérilet en cuivre peut induire des effets secondaires tels qu’un flux plus important, des règles plus douloureuses, etc. Sa fiabilité dans la pratique est de 99,2%.

Diaphragme

Le diaphragme est un dispositif en silicone qui vient recouvrir le col, et s’accompagne de l’utilisation d’un gel contraceptif. Il faut veiller à prendre un diaphragme dont la taille est adéquate, avec l’aide d’un.e médecin ou une sage-femme. Il peut se positionner 2 heures avant le rapport et doit se garder 6 heures après la fin du rapport. Je ne recommande pas ce moyen de contraception car sa fiabilité n’est pas très bonne dans la pratique (83%). Il demande en effet un peu d’expérience pour bien le positionner et bien appliquer le gel.

Préservatifs

Pour les couples qui sont enclins à l’usage du préservatif, celui-ci présente l’avantage d’être trouvé très facilement en magasin et de protéger contre les MST. Sa fiabilité dans la pratique n’est pas très bonne (83%), pour augmenter celle-ci, voici deux petits conseils d’utilisation : mettez-le dès le début, avant toute pénétration, et utilisez du lubrifiant pour éviter les (micro)-fissures. Le lubrifiant présent sur le préservatif ne sert qu’à le dérouler et ne suffit pas pour éviter ces fissures qu’on ne remarque pas toujours! Le préservatif peut être utilisé en combinaison avec une autre méthode.

Anneau masculin

Bien que ce concept n’est pas encore très développé, certaines contraceptions peuvent être prise en charge par l’homme. C’est le cas de l’anneau, qui vient remonter les testicules près du corps. Cela augmente leur température d’1-2 degrés, ce qui suffit à désactiver la production de spermatozoïdes. L’anneau doit être porté 16h/jour, tous les jours. C’est une méthode très fiable (99,6%), qui peut être utilisée 4 ans maximum. Nous n’avons pas de recul suffisant pour l’utiliser plus longtemps. Je ne conseille cependant pas cette méthode en voyage, car elle nécessite des contrôles réguliers de spermogramme. A voir combien de temps dure votre expédition. Elle risque fort probablement de créer une gêne et du frottement lorsque vous serez, messieurs, en train de randonner ou sur votre selle. Il existe également un slip chauffant à 41°C. Il doit être porté 2-3h/jour, tous les jours, qui peut mieux convenir pour une activité sportive.

Le retrait

Le retrait n’est pas considéré comme un moyen de contraception. Le taux d’échec de cette méthode est très élevé (fiabilité de 80%). En effet, des spermatozoïdes peuvent survivre quelques temps dans le canal déférent (celui acheminant les spermatozoïdes des testicules vers l’urètre) et se retrouver dans la « rosée du bonheur » des messieurs (sécrétion éventuelle liée à l’excitation, apparaissant parfois bien avant l’éjaculation).

Il existe encore d’autres moyens de contraception, ceci n’est pas une liste exhaustive. J’espère que cet article vous aidera à y voir plus clair.

Alors, quel est le moyen de contraception que vous utiliserez pour votre prochain voyage ?

Marion Bouchat, conseillère en Symptothermie sympto®

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